
Le smartphone est devenu un outil central dans la vie quotidienne. Il propose diverses applications utiles pour divers aspects de la vie et facilite l'accès à l'information en temps réel. Mais cette commodité s'accompagne de plusieurs inconvénients. Le smartphone a piégé les jeunes dans une hyperconnexion généralisée avec des effets négatifs sur leur santé mentale. Une récente étude affirme que le smartphone est devenu « le plus grand parasite de l'ère moderne ». Loin d'être un outil inoffensif, le smartphone parasite notre temps, notre attention et nos informations personnelles, tout cela dans l'intérêt des entreprises technologiques et de leurs annonceurs.
Le smartphone a radicalement changé nos vies. Qu'il s'agisse de s'orienter dans les villes ou de gérer des maladies chroniques telles que le diabète, le smartphone nous facilite grandement la vie. Il est devenu si important que la plupart d'entre nous en sont rarement dépourvus. Pourtant, malgré leurs avantages, beaucoup d'entre nous sont otages de leur smartphone et esclaves du défilement sans fin, incapables de se déconnecter complètement.
La génération Z appelle déjà à l'aide. Une étude menée au Royaume-Uni révèle une tendance intéressante : 46 % des jeunes de 16 à 21 ans déclarent qu'ils préféreraient vivre dans un monde sans Internet. Ce constat étonnant, publié par le British Standards Institution (BSI), soulève une question fondamentale : la génération Z, pourtant née dans l'ère numérique, serait-elle en train de rejeter le monde hyperconnecté dans lequel elle a grandi ?
Selon une étude publiée récemment par l'université nationale australienne (ANU), le smartphone est l'équivalent moderne d'un parasite. En appliquant les concepts de la biologie de l'évolution à notre relation avec la technologie, les auteurs de l'étude soutiennent que les smartphones sont passés du statut d'outils utiles à celui de parasites numériques qui nous soutirent de la valeur tout en offrant des rendements décroissants.
Aossociation homme-smartphone : du mutualisme au parasitisme
Les biologistes évolutionnistes définissent un parasite comme « une espèce qui bénéficie d'une relation étroite avec une autre espèce - son hôte - tandis que l'hôte en supporte le coût ». Le pou de tête, par exemple, dépend entièrement de l'espèce humaine pour sa survie. Il ne se nourrit que de sang humain et, s'il se détache de son hôte, il ne survit que brièvement, à moins qu'il n'ait la chance de tomber sur le cuir chevelu d'un autre être humain.
En échange de notre sang, les poux de tête ne nous donnent rien d'autre qu'une méchante démangeaison ; c'est le prix à payer. Selon l'étude de l'université nationale australienne, publiée dans l'Australasian Journal of Philosophy, cette description illustre la relation entre la société et le smartphone.
L'article explique que notre relation avec les smartphones a d'abord été mutualiste, les deux parties y trouvant leur compte. La technologie s'est avérée utile aux humains pour rester en contact, naviguer sur des cartes et trouver des informations utiles. Les philosophes en ont parlé non pas en termes de mutualisme, mais plutôt comme d'une extension de l'esprit humain, au même titre que les carnets, les cartes et d'autres outils utiles pour l'homme.
Toutefois, à mesure que nous sommes devenus de plus en plus dépendants de ces appareils, l'équilibre s'est modifié. De ces origines bénignes, la relation est devenue parasitaire. Une évolution qui n'est pas rare dans la nature. Les applications conçues pour maximiser l'engagement exploitent désormais notre attention et collectent nos données principalement au profit des entreprises technologiques et des annonceurs, et non des consommateurs.
Les impacts négatifs de ce parasitisme sur les consommateurs
Alors que les smartphones sont devenus quasiment indispensables, certaines des applications les plus populaires qu'ils proposent en sont venues à servir plus fidèlement les intérêts des sociétés productrices d'applications et de leurs annonceurs que ceux de leurs utilisateurs. Ces applications sont conçues pour influencer notre comportement afin que nous continuions à faire défiler les pages, à cliquer sur les publicités et à nous indigner perpétuellement.
Les données collectées sur votre comportement de défilement sont utilisées pour renforcer cette exploitation. Les utilisateurs de smartphones en paient le prix par un manque de sommeil, des relations hors ligne plus faibles et des troubles de l'humeur. Ils ne sont pas non plus à l'abri des violations de données.
Votre smartphone ne s'intéresse à vos objectifs personnels de remise en forme ou à votre désir de passer plus de temps avec vos enfants que dans la mesure où il utilise ces informations pour s'adapter et mieux capter votre attention. L'intérêt de considérer le smartphone sous l'angle évolutif du parasitisme prend tout son sens lorsque l'on s'interroge sur l'évolution possible de cette relation et sur la manière de contrecarrer ces parasites high-tech.
Selon Rachael Brown, professeure agrégée et auteure principale de l'étude, les smartphones présentent des risques sociétaux uniques. « Ces appareils ont radicalement changé nos vies. Malgré leurs avantages, beaucoup d'entre nous sont otages de leur téléphone, incapables de se déconnecter complètement », a déclaré Rachael Brown. Selon Rachael Brown, il reste à voir si la société est en mesure de rétablir une relation mutuellement bénéfique.
Les leçons de la nature pour la réglementation des technologies
Le monde biologique offre des parallèles fascinants. Sur la Grande Barrière de Corail, les labres nettoyeurs à crête bleue établissent des « stations de nettoyage » où les poissons plus gros permettent aux labres de se nourrir de peaux mortes, d'écailles détachées et de parasites invertébrés vivant dans leurs branchies. Cette relation est un mutualisme classique : les gros poissons perdent des parasites coûteux et les labres nettoyeurs sont nourris.
Parfois, les labres nettoyeurs « trichent » et mordent leurs hôtes, ce qui fait basculer la relation de mutualisme à parasitisme. Les poissons nettoyés peuvent punir les contrevenants en les chassant ou en leur refusant toute nouvelle visite. En cela, les poissons de récif font preuve d'un comportement que les biologistes évolutionnistes considèrent comme important pour maintenir l'équilibre des relations de mutualisme : le maintien de l'ordre.
Pourrions-nous contrôler de manière adéquate notre exploitation par les smartphones et rétablir une relation bénéfique pour tous ? Selon Rachael Brown, l'évolution montre que deux éléments sont essentiels : la capacité à détecter l'exploitation lorsqu'elle se produit et la capacité à y répondre (généralement en cessant d'offrir ses services au parasite). Selon les chercheurs, dans le cas du smartphone, il n'est pas facile de détecter l'exploitation.
« Dans le cas du smartphone, l'exploitation est souvent secrète et cachée», a déclaré Rachael Brown. Les entreprises technologiques qui conçoivent les diverses fonctionnalités et les algorithmes qui vous permettent de continuer à décrocher votre téléphone ne font pas de publicité pour ce comportement. Mais même si vous êtes conscient de cette exploitation des applications, il est plus difficile de réagir que de simplement poser son smartphone.
Rachael Brown explique : « il ne s'agit pas simplement de poser nos téléphones, car nous leur avons cédé diverses tâches cognitives, comme la mémoire et la navigation. De nouvelles stratégies collectives et des interventions qui limitent ce que nos parasites peuvent faire légalement pourraient être la voie la plus efficace ». Cela suggère que le rétablissement d'une association mutuelle homme-smartphone sera une bataille difficile et complexe.
Se libérer de cette dépendance numérique excessive et imposée
De nombreuses personnes en sont venues à compter sur les smartphones pour accomplir leurs tâches quotidiennes. Au lieu de mémoriser des faits par eux-mêmes, ils les transfèrent sur des appareils numériques. Cela peut entraîner des changements négatifs dans notre cognition et notre mémoire. Nous dépendons d'un appareil photo pour immortaliser les événements de la vie ou simplement pour enregistrer l'endroit où nous avons garé la voiture.
Cela élargit et limite à la fois notre mémoire des événements. Les institutions gouvernementales et les entreprises technologiques tentent de renforcer la dépendance des gens à l'égard des smartphones en proposant des services en ligne par l'intermédiaire d'applications mobiles. Selon des chercheurs, dès qu'une personne prend son téléphone pour accéder à des comptes bancaires ou à des services gouvernementaux, elle est perdante.
Le plus troublant, c'est que l'étude suggère que le choix individuel ne peut à lui seul rétablir l'équilibre. Les auteurs suggèrent qu'une action collective par le biais d'une réglementation est nécessaire - restrictions sur les fonctions créant une dépendance, limitations sur la collecte de données, etc. Ces interventions au niveau de la société reflètent la manière dont les systèmes biologiques maintiennent des relations mutuellement bénéfiques.
Selon les chercheurs, l'interdiction des médias sociaux pour les mineurs par le gouvernement australien est un exemple du type d'action collective nécessaire pour limiter ce que ces parasites peuvent faire légalement. Les auteurs suggèrent également la mise en place de contrôles d'accès adaptés à l'âge.
Pour les passionnés de science, cette approche interdisciplinaire offre une nouvelle perspective sur les défis technologiques. En considérant nos dilemmes numériques sous l'angle de l'évolution, nous acquérons de nouvelles connaissances sur le comportement humain et les solutions potentielles. La question demeure : pouvons-nous faire évoluer notre relation avec la technologie avant que les coûts ne l'emportent sur les avantages ?
Source : rapport de l'étude
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