Meta bannit les comptes de suivi de jets privés au nom de la sécurité
Meta a supprimé de ses plateformes de médias sociaux Threads et Instagram plusieurs traqueurs de jets privés de célébrités. Cette mesure a visé les traqueurs des jets privés de son PDG Mark Zuckerberg, ainsi que les comptes qui suivaient les jets privés d'Elon Musk, PDG de Tesla et propriétaire de X (ex-Twitter), Donald Trump et d'autres célébrités. Meta estime que les traqueurs de jets privés présentent « un risque de dommages physiques pour les individus ».
Les comptes, qui s'appuient sur des données accessibles au public pour suivre l'emplacement d'un aéronef et les émissions de CO2, entre autres détails, ont été interdits sans avertissement après que Meta a mis à jour sa politique de confidentialité. Pour justifier en partie ce changement, Meta a invoqué notamment une recommandation de son « Conseil de surveillance », un groupe externe chargé d'examiner les règles de l'entreprise et les messages controversés.
Cette recommandation, datant du début de l'année 2022, conseillait à Meta de supprimer de son site les « informations résidentielles privées », même si ces informations étaient accessibles au public. « En raison du risque de préjudice physique pour les personnes, et conformément à la recommandation du Conseil de surveillance indépendant, nous avons désactivé ces comptes pour violation de notre politique de confidentialité », a déclaré un porte-parole de Meta.
La plupart des comptes concernés étaient gérés par Jack Sweeney, un étudiant de Floride qui s'est fait connaître en traquant les jets des célébrités. Dans un message publié sur son compte Threads, Jack Sweeney a déclaré n'avoir « reçu aucune communication de la part de Meta » au sujet des interdictions avant qu'elles ne soient mises en place. « Ces plateformes fonctionnent sans transparence et l'on a l'impression qu'elles prennent des décisions arbitraires », écrit-il.
Jack Sweeney a écrit : « aujourd'hui ressemble au 15 décembre 2022 », en référence à la date à laquelle Elon Musk a suspendu définitivement son compte @ElonJet de X. En mai, le président américain Joe Biden a signé un projet de loi qui permet aux propriétaires de jets privés de rendre anonymes leurs informations d'enregistrement. Mais Jack Sweeney a déclaré qu'il est toujours possible de retrouver des personnes très connues grâce à un réseau de traqueurs.
Elon Musk a banni les traqueurs de son jet de X juste après le rachat
Twitter (aujourd'hui X) était la principale plateforme sur laquelle Jack Sweeney déployait ses traqueurs de jets privés de célébrités. Il traquait sur Twitter de nombreuses personnes célèbres, notamment les milliardaires Jeff Bezos, Mark Cuban, Elon Musk, Donald Trump, Bill Gates et Kim Kardashian. Cependant, quelques semaines après le rachat de Twitter par Elon Musk, le site a décidé de bannir le traqueur @ElonJet qui suivait les déplacements du milliardaire.
À l'époque Twitter avait déclaré que le compte a été suspendu parce qu'il viole les règles de la plateforme. Pour se justifier, Elon Musk, le nouveau propriétaire de la plateforme avait déclaré : « la publication en temps réel de l'emplacement de quelqu'un d'autre viole la politique sur le doxxing, mais la publication différée des emplacements est acceptable ». Il avait pourtant assuré qu'il ne bannirait pas le compte, même s'il représentait un risque pour sa « sécurité ».
Par contre, les autres comptes qui suivent les jets privés d'autres personnalités semblaient n'avoir pas été suspendus. Jack Sweeney a ensuite commencé à déplacer ses traqueurs vers d'autres plateformes de médias sociaux pour garantir leur visibilité. Bien que les informations sur lesquelles s'appuient ces comptes pour traquer les jets privés soient disponibles publiquement, l'on ne sait pas exactement pour quelle raison Jack Sweeney a mis en place ses traqueurs.
Il est important de souligner qu'en févier 2022, Elon Musk avait contacté Jack Sweeney via un message privé pour lui proposer de fermer le compte @ElonJet contre une récompense de 5 000 dollars. La popularité du compte @ElonJet, qui comptabilisait à l'époque près de 85 000 abonnés, semble avoir effrayé Elon Musk. « Pouvez-vous enlever ça ? C'est un risque pour la sécurité. Je n'aime pas l'idée de me faire tirer dessus par un cinglé », a-t-il dit à Jack Sweeney.
Toutefois, l'étudiant avait refusé l'offre de Musk et avait demandé au milliardaire de renchérir son offre à 50 000 dollars. Durant leur conversation, Jack Sweeney aurait confié à Elon Musk qu'il gagnait à peine 20 dollars par mois avec le compte. Elon Musk avait répondu à Jack Sweeney qu'il allait réfléchir à l'offre, mais peu de temps après, il a bloqué l'étudiant. Les traqueurs bloqués par Meta comprennent ceux qui suivent Jeff Bezos, Kim Kardashian et Kylie Jenner.
Un milliardaire a vendu son jet privé afin d'échapper aux traqueurs
Dans la liste des milliardaires traqués par les automates de Jack Sweeney figurait le Français Bernard Arnault, PDG de la marque de luxe LVMH. Le traqueur de son jet avait mis en évidence sur Twitter ses multiples voyages et les émissions de l'aéronef. Il a été harangué sur Twitter pour son utilisation constante des jets privés. Probablement agacé par les critiques occasionnés par ces traqueurs, Bernard Arnault s'est débarrassé de son jet afin d'échapper au suivi.
En septembre 2022, le compte Twitter laviondebernard [dont la description est : suivi de jets privés TotalEnergies (F-HTTO et F-HTTL), estimation des émissions de CO2, données publiques sur OpenSky-Network] écrivait que le jet de Bernard Arnault avait été désimmatriculé en France. Il indiquait : « le jet privé de LVMH n'est plus immatriculé en France depuis le 1er septembre 2022. Ni Bernard Arnault ni LVMH n'avait commenté le tollé sur le sujet des jets privés.
Plus tard, dans un podcast sur LVMH par Radio Classique, Bernard Arnault a admis que « le groupe LVMH avait un avion, et nous l'avons vendu ». Et il a ajouté: « le résultat maintenant est que personne ne peut voir où je vais, car je loue des avions quand j'utilise des avions privés ». Aujourd'hui, des critiques affirment que la mesure de Meta vise à cacher l'impact environnemental des déplacements en jet privé de son PDG, tout en lui permettant d'échapper au suivi.
Envoyé par Critique
Lors d'une conversation sur Signal avec NBC News, Sweeney a défendu son projet de suivi des vols. « Il a une valeur journalistique, il révèle évidemment de nombreux aspects du travail d'un PDG ou des partenariats qui peuvent avoir lieu. Mais ce n'est pas tout, cela permet aussi de sensibiliser les gens au fait qu'ils prennent l'avion et à l'aspect climatique », a-t-il déclaré, faisant référence aux émissions de carbone liées aux voyages en jets privés des PDG.
Source : Meta, FAA Reauthorization Act of 2024, Jack Sweeney (1, 2)
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Elon Musk avait évoqué des risques pour sa sécurité pour bannir le compte @ElonJet. Qu'en pensez-vous ?
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