
Pavel Durov dénonce une procédure basée sur des règles établies avant l'ère mobile
Pavel Durov, cofondateur et PDG de l'application de messagerie privée Telegram, a été arrêté en France. Les autorités françaises l'accusent d'avoir laissé libre cours à diverses formes d'activités criminelles sur Telegram, notamment la diffusion de matériel pédopornographique sur la plateforme (CSAM). Il est visé par pas moins de douze chefs d'accusation et a été mis en examen après une garde à vue de 48 heures. Telegram et l'entourage de Durov, notamment son avocat, ont fait plusieurs déclarations sur l'affaire, mais c'est la première fois que l'intéressé lui-même parle publiquement de la procédure dont il fait l'objet.
Il défend la philosophie de son application de messagerie et dénonce une arrestation « surprenante » et « malavisée ». Son message laisse entendre que la France crée un dangereux précédent dans le domaine de l'entrepreneuriat technologique en tenant un PDG pour responsable des abus de son innovation. Selon lui, dans un tel climat, aucun entrepreneur ne sera enclin à construire de nouveaux outils, même s'ils pourraient être utiles pour une majorité de personnes :

L'entrepreneur rappelle qu'il est citoyen français et, en tant que tel, il était fréquemment invité au consulat de France à Dubaï, où il réside. Il a déclaré qu'il se rend disponible et a évoqué une récente collaboration avec les autorités françaises pour faire face à la menace terroriste en France. Mais les autorités françaises affirment qu'il est extrêmement difficile de collaborer avec Telegram et que de nombreuses demandes adressées à l'entreprise restaient sans réponse.
Difficulté à établir un juste équilibre entre la protection de la vie privée et la sécurité
Dans le cadre de l'arrestation de Durov, trois chefs d'accusation potentiels sont liés au chiffrement. Il s'agit de « fourniture de prestations de cryptologie visant à assurer la confidentialité sans déclaration certifiée », « fourniture d'un moyen de cryptologie n'assurant pas uniquement l'authentification ou le contrôle de l'intégrité sans déclaration préalable » et « importation d'un moyen de cryptologie assurant l'authentification ou le contrôle de l'intégrité sans déclaration préalable ». En vertu de la législation française, les fournisseurs de cryptologie doivent faire des déclarations à l'ANSSI, l'autorité nationale de cybersécurité.
Dans son message, Durov a déclaré qu'il est difficile pour les plateformes de messagerie privée telles que Telegram de trouver un bon équilibre entre la protection de la vie privée et la sécurité. Il a expliqué que cet exercice revenait à faire des compromis entre les lois sur la protection de la vie privée, les exigences des forces de l'ordre, les lois locales et les lois de l'UE. En outre, Durov a souligné que la technologie peut représenter un défi dans la recherche de cet équilibre :

Il affirme être prêt à collaborer pour trouver le bon équilibre, tout en restant fidèle à ses principes. Et si les divergences deviennent trop importantes, il se dit prêt à retirer Telegram du marché concerné, car la plateforme ne le fait pas pour l'argent. (Telegram a été interdit pendant un temps en Russie, mais est de nouveau disponible.) Ses déclarations font écho aux mises en garde de Signal et de WhatsApp sur la loi britannique sur la protection des enfants en ligne.
Pavel Durov : Telegram n'est pas un terreau fertile pour les criminels et l'anarchisme
Les gouvernements, en particulier ceux de l'UE, font de plus en plus pression sur les plateformes en ligne pour qu'elles s'occupent de la sécurité des enfants, du terrorisme, de la désinformation et de la diffusion d'autres contenus potentiellement préjudiciables. Mais cela a opposé les partisans de la liberté d'expression comme Durov, qui adopte une approche non interventionniste dans la modération de Telegram, et Elon Musk, propriétaire de X, aux régulateurs et aux décideurs politiques. Par ailleurs, l'UE cherche à savoir si Telegram a minimisé le nombre d'utilisateurs sur son marché pour éviter la réglementation dans l'UE.
Bien que la majeure partie de sa déclaration constitue une dénonciation de son arrestation, Durov a admis qu'il est devenu plus difficile de faire respecter la loi sur Telegram. Durov affirme qu'il s'est fixé comme objectif personnel d'améliorer considérablement les choses à cet égard. Il a profité de l'occasion pour déclarer que les allégations de certains médias selon lesquelles Telegram serait une sorte de paradis anarchique ne tiennent absolument pas la route.
Il a noté : « tout cela ne signifie pas que Telegram est parfait. Même le fait que les autorités puissent ne pas savoir où envoyer les requêtes est quelque chose que nous devrions améliorer. Mais les affirmations de certains médias selon lesquelles Telegram serait une sorte de paradis anarchique sont fausses ». Selon Durov, Telegram supprime chaque jour des millions de messages et de canaux nuisibles et publie quotidiennement des rapports de transparence.
Pour prouver ses déclarations, Duro a partagé des liens vers plusieurs des rapports de transparence rédigés par les équipes de Telegram. On y apprend que plus de 1800 groupes et canaux ont été fermés en date du 2 septembre pour abus sur mineurs. En outre, les journaux, visibles sur des canaux Telegram dédiés, proposent un compte rendu détaillé du nombre de contenus bannis tous les mois....
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