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« Ne donnez pas de smartphones aux enfants de moins de 11 ans », suggère l'opérateur de réseau mobile britannique EE
Aux parents désireux de préserver le bien-être de leur progéniture

Le , par Patrick Ruiz

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6  0 
À l’aube du 21ème siècle, l’avènement des smartphones a marqué un tournant dans la manière dont nous interagissons avec le monde. Ces appareils, qui tiennent dans la paume de notre main, sont devenus des portails vers un univers d’informations et de connexions. Si l'essor des smartphones a transformé de nombreux aspects de notre vie quotidienne, cette révolution technologique est sujette à débats, surtout lorsqu’il s’agit de nos enfants. L’opérateur de réseau mobile britannique EE suggère de « ne pas donner de smartphones aux enfants de moins de 11 ans » afin de préserver leur bien-être. C’est une sortie qui fait néanmoins suite à des avis selon lesquels l’exposition à l’écran n’a aucun effet sue le bien-être des enfants.

EE met en garde contre l'idée de donner un smartphone aux enfants de moins de 11 ans. Selon l’opérateur de téléphonie mobile britannique, les enfants de cette tranche d'âge sont mieux servis par un appareil aux capacités limitées, comme un téléphone qui ne permet que d'appeler et d'envoyer des SMS. Les smartphones sont acceptables pour les enfants âgés de 11 à 13 ans, mais le contrôle parental est indispensable, l'accès aux médias sociaux doit être limité et une application de partage familial comme Apple Family Sharing ou Google Family Link est vivement conseillée.

Les adolescents âgés de 13 à 16 ans disposent d'une marge de manœuvre un peu plus grande, selon EE, qui recommande néanmoins de mettre en place un contrôle parental pour limiter l'accès aux sites inappropriés. L'accès aux médias sociaux est acceptable, mais EE recommande de lier les comptes à ceux d'un parent ou d'un tuteur afin d'assurer une surveillance adéquate.


Jonathan Haidt, éminent psychologue social et professeur d’éthique, tire la sonnette d’alarme et nous exhorte à mettre fin à ce qu’il appelle une « enfance basée sur le téléphone »

Selon Haidt, depuis le début des années 2010, une détérioration soudaine et alarmante de la santé mentale des adolescents a été observée. Les taux d’anxiété, de dépression, d’automutilation et de troubles connexes chez la Génération Z (nés en 1996 et après) sont plus élevés que pour toute autre génération précédente. Haidt attribue cette tendance à la pénétration omniprésente des smartphones, qui ont permis aux jeunes d’emporter tout l’internet dans leur poche, accessible jour et nuit, modifiant ainsi leurs expériences quotidiennes et leurs parcours de développement cognitif et émotionnel.

« En tant que psychologue social ayant longtemps étudié le développement social et moral, je participe depuis des années à des débats sur les effets de la technologie numérique. Généralement, les questions scientifiques ont été formulées de manière assez étroite, afin qu'il soit plus facile de les traiter avec des données. Par exemple, les adolescents qui consomment davantage de médias sociaux présentent-ils des niveaux de dépression plus élevés ? L'utilisation d'un smartphone juste avant le coucher nuit-elle au sommeil ? La réponse à ces questions est généralement positive, bien que la taille de la relation soit souvent statistiquement faible, ce qui a conduit certains chercheurs à conclure que ces nouvelles technologies ne sont pas responsables de l'augmentation gigantesque des maladies mentales qui a commencé au début des années 2010 », souligne Jonathan Haidt.

Haidt souligne également que les changements dans l’enfance ont commencé bien avant, dans les années 1980. Le psychologue met en lumière un autre aspect souvent négligé : la diminution progressive de l’autonomie et des expériences de jeu non supervisées chez les enfants. Depuis les années 1980, nous avons assisté à une surprotection croissante, privant les jeunes de la liberté d’explorer et de prendre des risques. Cette tendance, couplée à l’attrait des écrans, a créé un environnement où les interactions virtuelles supplantent les expériences réelles, essentielles au développement de compétences sociales et émotionnelles robustes.

L’avènement des smartphones a accéléré ce changement, attirant une génération déjà privée d’indépendance dans un nouvel univers virtuel qui semblait sûr aux yeux des parents, mais qui est en réalité plus dangereux, à bien des égards, que le monde physique :

« L'intrusion des smartphones et des médias sociaux ne sont pas les seuls changements qui ont déformé l'enfance. Il existe un historique important, qui remonte aux années 1980, lorsque nous avons commencé à priver systématiquement les enfants et les adolescents de liberté, de jeux non surveillés, de responsabilités et de possibilités de prendre des risques, autant d'éléments qui favorisent la compétence, la maturité et la santé mentale. Mais le changement dans l'enfance s'est accéléré au début des années 2010, lorsqu'une génération déjà privée d'indépendance a été attirée dans un nouvel univers virtuel qui semblait sûr aux parents, mais qui est en fait plus dangereux, à bien des égards, que le monde physique.

Je pense que la nouvelle enfance basée sur le téléphone, qui a pris forme il y a environ 12 ans, rend les jeunes malades et les empêche de s'épanouir à l'âge adulte. Nous avons besoin d'une correction culturelle radicale, et ce dès maintenant. »


« Non, l'exposition à l'écran n'a aucun effet sur le bien-être des enfants », d’après une étude sur le lien entre l’utilisation des technologies et le bien-être des enfants

L'étude, publiée dans Nature Human Behavior, montre que l'impact de l'utilisation des écrans sur le bien-être social et psychologique des enfants a été fortement exagéré, notamment à cause d'une utilisation de méthodes d'analyse moins rigoureuses. « L'utilisation généralisée des technologies numériques par les jeunes a suscité des spéculations selon lesquelles leur utilisation régulière aurait un impact négatif sur le bien-être psychologique. Les preuves empiriques soutenant cette idée sont largement basées sur des analyses secondaires d'ensembles de données sociales à grande échelle. Bien que ces ensembles de données constituent une ressource précieuse pour les enquêtes très puissantes, leurs nombreuses variables et observations sont souvent explorées avec une souplesse analytique qui permet de déterminer les effets mineurs comme statistiquement significatifs, ce qui peut conduire à des résultats faussement positifs et contradictoires », explique Andrew Przybylsk, auteur principal de l'étude.

Les chercheurs d'Oxford exposent les pièges des méthodes statistiques utilisées dans les études précédentes et proposent une alternative « pour examiner de manière rigoureuse les preuves corrélationnelles des effets de la technologie numérique sur les adolescents. » Et surtout, ils utilisent trois ensembles de données sociales à grande échelle, avec au total plus de 350 000 adolescents, pour montrer de manière convaincante que, au niveau de la population, l’utilisation de la technologie a un effet presque négligeable sur le bien-être psychologique des adolescents. L'impact de l'utilisation des technologies numériques est mesuré à l’aide de tout un tas de questions portant sur les symptômes dépressifs, les idées suicidaires, le comportement social, les problèmes de relations entre pairs, etc.

À la fin, les chercheurs découvrent que l'utilisation des technologies numériques n'a presque aucun effet sur le bien-être des enfants. « L'association que nous trouvons entre l'utilisation de la technologie numérique et le bien-être chez les adolescents est négative, mais petite », disent-ils. L'utilisation de la technologie explique en effet « au plus 0,4 % la variation du bien-être. La prise en compte du contexte plus large des données suggère que ces effets sont trop faibles pour justifier un changement de politique », ont-ils conclu. Pour mettre en évidence ce que représentent ces 0,4 %, les chercheurs d'Oxford expliquent que l’utilisation de la technologie numérique est aussi nocive que la consommation de pommes de terre, tandis que le port de lunettes a un effet négatif plus important sur la santé mentale des adolescents.

Non, donner un smartphone à un effet n'a pas le même effet que lui donner un gramme de cocaïne ! Les parents peuvent donc pousser un ouf de soulagement sur la base de la nouvelle étude. Elle montre en effet que la consommation de la marijuana et le harcèlement présentaient des associations négatives beaucoup plus importantes pour la santé mentale des adolescents (à 2,7 % et 4,3 % respectivement dans l'un des ensembles de données). Et certains comportements positifs, comme dormir suffisamment et prendre régulièrement le petit-déjeuner, étaient beaucoup plus étroitement associés au bien-être que l'utilisation de la technologie. Même en se basant des données qui ont permis à d'autres chercheurs de dire que l'utilisation des technologies est dangereux pour les enfants, nos chercheurs d'Oxford maintiennent leur conclusion : le temps passé devant un écran ne nuit pas du tout aux enfants. Ce qui indique qu'il y avait un problème de rigueur d'analyse dans les études précédentes.

Cela dit, les chercheurs n'encouragent pas les parents à donner immédiatement des smartphones à leurs enfants. L'étude montre que, dans l'ensemble de la population, les écrans n'ont pas vraiment d'impact sur la santé mentale des enfants. Cela ne veut pas dire qu'un adolescent ne risque pas d'avoir un problème d'addiction aux écrans. Il est donc toujours important de contrôler leur usage des technologies numériques.

Source : EE

Et vous ?

Que pensez-vous de la réflexion de Jonathan Haidt ? Vous semble-t-elle pertinente ou pas du tout ? Dans quelle mesure ?
Quelle est votre opinion sur l’impact des smartphones sur le développement des enfants ?
Pensez-vous que la société actuelle offre suffisamment d’opportunités pour un jeu non supervisé et des interactions humaines pour les enfants ?
Comment les parents et les éducateurs peuvent-ils équilibrer l’utilisation de la technologie tout en favorisant le développement sain des enfants ?
Quelles mesures concrètes pourraient être prises pour réduire la dépendance des enfants aux appareils numériques ?
Avez-vous observé des changements dans le comportement ou la santé mentale des enfants autour de vous depuis l’avènement des smartphones ?

Voir aussi :

La Chine envisage de limiter le temps passé sur les smartphones des enfants à deux heures par jour. Les enfants plus jeunes seraient confrontés à des conditions encore plus strictes
Les enfants qui utilisent des smartphones plus tôt deviennent des adultes à la santé mentale plus fragile, selon Sapien Labs
Les réseaux sociaux sont une cause, et non un corrélat, de la maladie mentale chez les adolescentes, selon Jon Haidt, professeur à l'École de commerce Stern de l'université de New York

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Avatar de halaster08
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 27/08/2024 à 13:28
Citation Envoyé par OrthodoxWindows Voir le message
Oui enfin le clavier type 3310 est quand même responsable de l'époque du langage SMS, pour avoir des jeunes qui ne savent plus écrire, il n'y a pas mieux. D'ailleurs une personne qui choisi d'avoir un modèle basique est souvent une personne qui ne veut non seulement pas aller sur internet avec, mais aussi n'aime pas les messages écrits... Rien à voir avec un enfant qui n'a pas demander à ne pas pouvoir facilement écrire des messages, et vas donc le faire quand même malgré les contraintes inhérentes au clavier.

D'ailleurs le langage SMS de l'époque a disparu, sans que les alarmistes de l'époque ne le souligne... Le problème était plus la manière dont était conçu la machine que la machine elle-même.
Il me semble que ce n'est pas tant le clavier mais plutôt la limitation du nombre de caractère dans un SMS et le fait de les payer à l'unité qui a fait que les jeunes de l'époque ont maltraité l'orthographe
2  0 
Avatar de smarties
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 27/08/2024 à 11:35
La base serait que les vendeurs n'acceptent pas de vendre un smartphone destiné à un enfant en expliquant évidemment pourquoi aux parents.
S'il y a un réel besoin, voir pour un modèle basique (affichage + clavier type 3310).
1  0 
Avatar de OrthodoxWindows
Membre expert https://www.developpez.com
Le 27/08/2024 à 13:20
Citation Envoyé par smarties Voir le message
La base serait que les vendeurs n'acceptent pas de vendre un smartphone destiné à un enfant en expliquant évidemment pourquoi aux parents.
S'il y a un réel besoin, voir pour un modèle basique (affichage + clavier type 3310).
Oui enfin le clavier type 3310 est quand même responsable de l'époque du langage SMS, pour avoir des jeunes qui ne savent plus écrire, il n'y a pas mieux. D'ailleurs une personne qui choisi d'avoir un modèle basique est souvent une personne qui ne veut non seulement pas aller sur internet avec, mais aussi n'aime pas les messages écrits... Rien à voir avec un enfant qui n'a pas demander à ne pas pouvoir facilement écrire des messages, et vas donc le faire quand même malgré les contraintes inhérentes au clavier.

D'ailleurs le langage SMS de l'époque a disparu, sans que les alarmistes de l'époque ne le souligne... Le problème était plus la manière dont était conçu la machine que la machine elle-même. En cherchant, je ne trouve absolument aucun article qui signale cette quasi-disparition
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Avatar de OrthodoxWindows
Membre expert https://www.developpez.com
Le 27/08/2024 à 14:04
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message
Que pensez-vous de la réflexion de Jonathan Haidt ? Vous semble-t-elle pertinente ou pas du tout ? Dans quelle mesure ?
Alors forcément il y a du vrai dans cette réflexion, certains problèmes liés au smartphones tombent sous le sens. Là où il a raison, c'est sur "diminution progressive de l’autonomie et des expériences de jeu non supervisées chez les enfants". Sauf que cela suggère plus que le smartphone est une conséquence de cela, plus qu'une cause. En fait il le dit clairement, mais il ne peux pas s'empêcher de conclure que les smartphone serait responsable de quelque chose, alors que son propos suggère plus que la seul chose dont sont responsable les smartphones, c'est l'entretien du cercle le vicieux perte de relations sociales --> écrans --> ....

Quelle est votre opinion sur l’impact des smartphones sur le développement des enfants ?
Le principal danger immédiat des smartphone est le pompage massif de données personnels, enfant ou non (mais c'est encore plus grave avec les enfants, car cela donne une connaissance complète sur toute la vie de la personne à certaines entreprises.

Pensez-vous que la société actuelle offre suffisamment d’opportunités pour un jeu non supervisé et des interactions humaines pour les enfants ?
Non, absolument pas. Notamment a cause de la surmédiatisation de fait divers qui ne représente pas grand-chose sur le plan statistique, mais qui suffit pour effrayer la population.
Et la diminution de l’importance des lieus de socialisation dans de nombreux pays. Un bon exemple est justement l'Angleterre : il semble y avoir beaucoup plus de panique moral lié à internet et aux écrans qu'ailleurs. Hors c'est aussi là bas que ferment les pubs, salles de concertes, bibliothèques, clubs de sport, associations, salles de quartiers... Désormais certains supermarchés organisent des lieux d'échange, cela en dit long sur la situation. Ceux qui après se plaignes des écrans on un sacré culot, car se sont parfois les responsables de la politique qui a conduit a toute ces fermetures. Comme pour l'écologie, on est dans une logique de culpabilisation, pour éviter de devoir rendre des comptes à la population victime des politiques néo-libérales.
La monté du célibat est elle-aussi une conséquence de cette perte de d'expérience social libre dès l'enfance ; on y retrouve d'ailleurs le même discours culpabilisateur et anti-social, cette-fois ci plus du côté des féministes.
De manière plus profonde, ces constats sont aussi la conséquence d'existences devenus désincarnés, à une époque ou le spectacle marchand et médiatique ne fait plus rêver, et où les jeunes générations prennent progressivement conscience de la vacuité de ce spectacle. Cela est parfaitement résumé ici :
https://youtube.com/watch?v=k8AQzGB0v7E
Lien alternatif sur Invidious : https://invidious.reallyaweso.me/wat...?v=k8AQzGB0v7E

Comment les parents et les éducateurs peuvent-ils équilibrer l’utilisation de la technologie tout en favorisant le développement sain des enfants ?
En commençant par proposer autre chose que la technologie, a commencé par une autre société Sinon, on pourra bannir tous les RS et tous les Jeux Vidéos, adopter des lois totalitaires sur l'accès à internet, ça ne changera rien au fond du problème...
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Avatar de OrthodoxWindows
Membre expert https://www.developpez.com
Le 27/08/2024 à 14:23
Citation Envoyé par halaster08 Voir le message
Il me semble que ce n'est pas tant le clavier mais plutôt la limitation du nombre de caractère dans un SMS et le fait de les payer à l'unité qui a fait que les jeunes de l'époque ont maltraité l'orthographe
Peu importe, dans les deux cas il s'agit d'un problème de limitation d'utilisation, pas l'inverse. Et je mets au défi n'importe qui d'écrire dans un français correct avec un clavier à nombres... A titre personnel j'en suis strictement incapable.
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