TikTok réfute les allégations des critiques qui l'accusent d'avoir un parti pris anti-israélien. L'entreprise a publié lundi un communiqué de presse dans lequel elle explique son analyse sur la situation. Elle affirme notamment que la prolifération de contenus propalestiniens sur TikTok n'est pas due à l'algorithme de l'application. Selon elle, les adolescents ont simplement tendance à soutenir davantage la Palestine. Les critiques s'opposent à cette analyse, affirmant que TikTok s'adonne à un lavage de cerveau massif auprès des jeunes utilisateurs. Mais les experts dénoncent une tentative de censurer le discours. En outre, Facebook et Instagram affichent des tendances similaires.
Des critiques de longue date de TikTok, notamment le parti républicain américain, ont repris leurs efforts pour interdire l'application aux États-Unis après l'éclatement du conflit entre Israël et le groupe palestinien Hamas. Selon eux, TikTok fait preuve d'une partialité "déconcertante" dans le traitement de l'information liée au conflit. Des politiciens républicains ont publiquement affirmé que "l'entreprise encourageait intentionnellement les contenus propalestiniens dans le but de laver le cerveau de la jeunesse américaine" afin qu'elle soutienne le Hamas. Ils affirment que la différence d'opinions entre les hashtags pro-israéliens et propalestiniens le prouve.
Par exemple, le premier résultat de la recherche "stand with Palestine" aurait été visionné près de 3 milliards de fois au 26 octobre, tandis que le premier résultat de la recherche "stand with Israel" aurait été visionné un peu plus de 200 millions de fois. En outre, d'autres données pour les États-Unis montreraient qu'il y a environ deux fois plus de messages utilisant le hashtag #StandwithPalestine que de messages avec #StandwithIsrael au cours des deux dernières semaines. Les critiques de TikTok affirment que cette preuve est suffisante pour interdire l'application aux États-Unis et éviter le risque que l'application soit utilisée pour influencer les Américains.
Mais selon TikTok, il n'en est rien. Dans un communiqué de presse publié lundi, TikTok explique : « les comparaisons brutales de hashtags sont gravement erronées et représentent mal l'activité sur TikTok. Notre algorithme de recommandation ne prend pas parti et nous avons mis en place des mesures rigoureuses pour éviter les manipulations ». Les données liées au communiqué indiquent que "la sympathie envers Israël est solidement positive" parmi les générations plus âgées, mais que "les milléniaux sont divisés de manière égale". Selon les données de l'entreprise, 42 % d'entre eux sympathisent davantage avec la Palestine et 40 % avec Israël.
« Les attitudes des jeunes penchaient en faveur de la Palestine bien avant l'existence de TikTok. Le soutien à Israël (comparé à la sympathie pour la Palestine) est plus faible chez les jeunes Américains depuis un certain temps. C'est ce que montrent les données des sondages Gallup sur les milléniaux datant de 2010, bien avant que TikTok n'existe », indique le communiqué. TikTok, qui compte 150 millions d'utilisateurs aux États-Unis, appartient au géant technologique chinois ByteDance. Pour de nombreux politiciens à Washington, TikTok est un outil d'espionnage et de propagande à la solde du parti communiste chinois (PCC). Il faut donc le bannir.
Aux États-Unis, les relations entre TikTok et les autorités se sont tendues au cours de l'année 2020 après que des rapports ont fait état de l'accès incontrôlé des ingénieurs chinois de ByteDance aux données des utilisateurs américains. Les campagnes appelant à l'interdiction de l'application sur le plan national se sont multipliées depuis lors, plusieurs dizaines d'États, universités, écoles et entreprises américains ayant déjà interdit l'application sur certains types d'équipements. Par ailleurs, plusieurs propositions de loi ont été faites en vue de donner les outils nécessaires au gouvernement fédéral américain pour bannir l'application de médias sociaux.
Lors du débat des primaires présidentielles républicaines de la semaine dernière, l'ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a déclaré que TikTok polluait l'esprit des jeunes Américains" avec "des propos antisémites et horribles que leurs algorithmes diffusent à un rythme effréné". Le député démocrate Josh Gottheimer (N.J.) a déclaré la semaine dernière que le ministère américain de la Justice devrait surveiller l'utilisation par la Chine de TikTok comme outil de propagande pour influencer les Américains. De son côté, le représentant républicain Mike Gallagher du Wisconsin a déclaré que "TikTok est contrôlé par le principal adversaire des États-Unis".
Gallagher a déclaré que la promotion du contenu "pro-Hamas" est quelque chose que le PCC ferait, parce que deux plateformes Web chinoises qui ont des capacités de cartographie ne mentionnent pas Israël sur leurs cartes. Le représentant a ajouté que cette forme de censure ne devrait pas être "surprenante". Le Congrès américain a déjà tenté d'interdire TikTok, et l'ancien président Donald Trump a menacé plus d'une fois de le faire. Jusqu'à présent, toutes les tentatives ont échoué. L'entreprise a fourni des garanties à Washington et a promis de stocker les données des Américains localement, mais les préoccupations des autorités américaines demeurent.
TikTok a admis que les données du sondage concernant la génération Z sont faibles. « Il y a trop peu de membres adultes de la génération Z (âgés de 18 à 22 ans) dans le récent sondage pour que l'on puisse en rendre compte, mais les données limitées disponibles suggèrent que leurs opinions sur cette question sont similaires à celles des milléniaux », peut-on lire dans les données de Gallup. Environ trois utilisateurs adultes de TikTok sur quatre sont âgés de 18 à 34 ans. En gros, TikTok affirme que la prolifération de contenus propalestiniens sur TikTok n'est pas due à son algorithme. Selon l'entreprise, les jeunes utilisateurs semblent favorables à la Palestine.
Par ailleurs, plusieurs sources rapportent que les récentes analyses ont révélé que Facebook et Instagram, les rivaux américains de TikTok, affichent des tendances similaires que celles observées sur TikTok au sujet du conflit entre Israël et le Hamas. Sur Facebook, le hashtag #freepalestine figure sur plus de 11 millions de posts, soit 39 fois plus que ceux comportant #standwithisrael. Sur Instagram, le hashtag propalestinien est présent dans 6 millions de posts, soit 26 fois plus que le hashtag pro-israélien. Au début du mois, l'Union européenne a demandé à Meta, qui possède Facebook et Instagram, de prendre des mesures contre cette tendance.
D'après les analystes, la cohérence du contenu propalestinien sur les réseaux sociaux, qu'ils appartiennent à des Chinois ou à des Américains, met à mal un argument devenu central dans la dernière vague de campagnes anti-TikTok à Washington : « le gouvernement chinois manipule l'algorithme de TikTok pour favoriser les points de vue propalestiniens et l'application devrait être interdite dans l'ensemble du pays ». Dans son billet, TikTok a déclaré qu'il y avait eu "désinformation et caractérisation erronée" sur le fonctionnement de la plateforme, ajoutant que les hashtags sont ajoutés par les créateurs de contenu et non par la plateforme de médias sociaux.
TikTok a déclaré à plusieurs reprises que son algorithme de recommandation et ses règles de contenu n'étaient pas influencés par le gouvernement chinois. Dans le même temps, les détracteurs de TikTok n'ont fourni aucune preuve, si ce n'est que le hashtag propalestinien se trouve sur plus de vidéos que le hashtag pro-israélien, justifiant leurs récentes allégations. Dans le communiqué publié lundi, l'entreprise précise en outre que son algorithme ne prend pas parti, mais qu'il fonctionne selon une boucle de rétroaction positive : cela signifie que plus un utilisateur interagit avec un certain type de contenu, plus ce type de contenu lui sera montré.
TikTok affirme que le simple fait de compter le nombre de vidéos associées à un hashtag ne constitue pas un "contexte suffisant" pour comprendre la plateforme. Bien que le tag #standwithIsrael soit associé à moins de vidéos que #freePalestine, il compte 68 % de vues en plus par vidéo aux États-Unis. L'entreprise indique en outre que le hashtag #freePalestine est beaucoup plus ancien que #standwithIsrael. « La grande majorité (9 sur 10) des vidéos étiquetées #standwithIsrael ont été publiées au cours des 30 derniers jours aux États-Unis. On peut s'attendre à une différence entre le nombre de vues et le nombre de posts », indique le communiqué.
Comparer les opinions sur les hashtags pro-israéliens et propalestiniens dans le monde entier, comme l'ont fait les critiques de TikTok, ne tient pas compte du fait que de nombreuses vidéos proviennent de pays majoritairement musulmans où le soutien à la Palestine est élevé. « Des millions de personnes dans des régions telles que le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est représentent une proportion significative des vues sur les hashtags. Par conséquent, il y a plus de contenu avec #freepalestine et #standwithpalestine et plus de vues globales. Il est facile de choisir des hashtags pour soutenir un faux récit sur la plateforme », indique le communiqué.
TikTok et Meta interdisent tous deux les contenus faisant la promotion du Hamas. Lundi, le hashtag #freepalestine comptait 25,5 milliards de vues et #standwithisrael 440,4 millions de vues. TikTok a déclaré qu'entre le 7 et le 31 octobre, la plateforme avait supprimé plus de 925 000 vidéos dans la région du conflit pour violation de ses politiques en matière de violence, d'incitation à la haine, de désinformation et de terrorisme, y compris des contenus faisant la promotion du Hamas. Mais les deux sociétés ont été accusées par les partisans de la cause palestinienne de biaiser leur contenu en faveur d'Israël, à l'inverse des accusations des détracteurs de TikTok.
Lorsqu'on a demandé aux détracteurs de TikTok de commenter le fait que les contenus propalestiniens étaient répandus sur la plupart des grands réseaux sociaux, et pas seulement sur TikTok, ils ont déclaré qu'ils le considéraient toujours comme particulièrement risqué en raison de ses origines étrangères. Cette déclaration a été fortement critiquée dans les commentaires. « Le problème n'est donc pas les tendances. Ils nous demandent clairement de rejeter aveuglément de tout ce qui vient de la Chine, sans poser de question. Comment vouliez-vous vous comporter de cette manière et prétendre donner des leçons aux autres ? », a écrit un critique.
« C'est la censure d'État. Ce n'est pas différent de ce que font la Chine et la Russie. Les plus jeunes ont grandi avec l'idée que nous bombardions le Moyen-Orient sans raison valable. Pourquoi soutiendraient-ils le massacre de civils ? Ils voient l'horreur sur leur téléphone. La censure du discours propalestinien et l'appel à l'interdiction de TikTok ne feront que renforcer la méfiance des jeunes Américains vis-à-vis des politiques », a écrit un autre. Malgré les défauts de la comparaison des hashtags, le sénateur Josh Hawley (R-Mo.) a cité l'écart au Sénat mercredi lorsqu'il a demandé le consentement unanime pour interdire TikTok à travers les États-Unis.
Il a souligné les manifestations dans les collèges et les universités après l'agression du Hamas et a déclaré : « où est-ce qu'on leur donne cette propagande ? Où sont-ils nourris de cette propagande ? Ils la trouvent sur TikTok ». Il est important de noter que le bloc républicain semble divisé sur la question. Le sénateur Rand Paul (R-Ky.) a déclaré que la proposition d'interdiction de Hawley relevait de "la paranoïa maccarthyste propageant l'hystérie et la peur d'une subtile subversion communiste de la part de la République populaire de Chine".
Source : TikTok
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Les appels lancés par l'UE à TikTok et Meta pour supprimer la "désinformation" liée au conflit entre Israël et le Hamas sont-elles de la censure ?
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Le , par Mathis Lucas
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