Le réseau social X, anciennement Twitter, n'aurait désormais qu'une valeur de 19 milliards de dollars. C'est ce que révèlent des documents relatifs aux attributions d'actions aux employés lundi. Il s'agit d'une baisse de 55 % par rapport aux 44 milliards de dollars qu'Elon Musk a payés pour acheter la plateforme de médias sociaux il y a un an. Ce montant est également légèrement inférieur à l'estimation de 20 milliards de dollars faite par le milliardaire au début de l'année. Parallèlement, le site fait face à un certain nombre de problèmes, notamment la baisse du trafic et du nombre d'utilisateurs actifs mensuels, ainsi qu'une baisse considérable des recettes publicitaires.
X est-il une mauvaise affaire pour Elon Musk ? Cela ne fait qu'un an que le milliardaire a privatisé la plateforme de médias sociaux, mais la question revient sans cesse et divise les analystes. Début 2022, tout le monde savait que Twitter (aujourd'hui X) ne valait pas 44 milliards de dollars lorsqu'Elon Musk a proposé un tel prix pour le racheter. Après un bras de fer de plusieurs mois, au cours desquels Musk a tenté en vain de revenir sur sa proposition, l'homme d'affaires a fini par accepter l'accord, ce qui a fait de lui l'unique propriétaire de la plateforme de médias sociaux. Les documents liés à l'acquisition ont révélé que Musk a payé 54,20 dollars par action.
Cependant, il n'a pas fallu longtemps avant que la valorisation de l'entreprise baisse considérablement. En mars, Musk écrivait dans un courriel adressé à ses employés qu'il pensait que l'entreprise valait 20 milliards de dollars, la qualifiant de "startup inversée". Lundi, ce montant a été une nouvelle fois légèrement revu à la baisse. Des documents relatifs aux nouvelles attributions d'actions aux employés de X ont révélé que X ne vaut aujourd'hui que 19 milliards de dollars. Ce montant représente une décote de 55 % par rapport au prix d'achat initial de 44 milliards de dollars, avec 54,20 dollars par action. Le prix de l'action X est désormais tombé à 45 dollars.
La raison pour laquelle le prix de l'action n'a pas baissé du même pourcentage que l'évaluation du réseau social n'est pas claire, bien que l'entreprise ait pu modifier le nombre d'actions en circulation. Un porte-parole de X n'a pas répondu à une demande de commentaire. Les documents indiquent que "la juste valeur marchande par action est déterminée par le conseil d'administration sur la base d'un certain nombre de facteurs, d'une manière qui respecte les règles fiscales applicables". (Musk est le président de X et n'a pas encore créé de conseil d'administration officiel, bien qu'il ait nommé une nouvelle PDG cette année en la personne de Linda Yaccarino.)
Depuis qu'il a racheté X, Musk a déclaré qu'il souhaitait calquer le plan de rémunération de l'entreprise sur celui de SpaceX, qui est également une société privée, mais qui permet à ses employés d'encaisser régulièrement une partie de leurs actions au profit d'investisseurs extérieurs. Le type d'actions que X offre à ses employés est appelé "unités d'actions restreintes" (restricted stock units - RSU). Selon les documents, ces RSU sont acquises sur une période de quatre ans à compter de leur date d'attribution et nécessitent un "événement de liquidité", tel qu'une introduction en bourse ou la vente de l'entreprise, pour être imposées en tant que revenu.
Jusqu'à présent, les employés de X travaillaient sans savoir ce que valait réellement la société depuis que Musk l'avait rachetée. Cette information sur l'attribution des actions répond enfin à cette question, même s'il semble que l'évaluation de Musk soit encore trop généreuse ; l'un de ses principaux investisseurs, Fidelity, pense que X vaut 65 % de moins que lorsqu'il l'a achetée. En outre, selon de récents rapports, les banques ayant financé l'acquisition de X sont quelque peu sceptiques pour les prochains mois et s'attendent à de nouvelles pertes. Ces institutions bancaires chercheraient à atténuer l'impact négatif sur leur propre situation financière.
Depuis l'arrivée de Musk à la tête de la société il y a un an, des changements importants ont eu lieu chez X. Environ 80 % de ses 7 500 employés ont démissionné ou ont été licenciés. Il a modifié le processus de vérification sur la plateforme, ainsi que les règles de modération du contenu. Les recettes publicitaires, principale source de revenus de l'entreprise, ont diminué de près de 60 % aux États-Unis cet été. Musk a également endetté l'entreprise à hauteur de plusieurs milliards de dollars pour l'aider à payer l'acquisition. Dans le même temps, l'entreprise est accablée par environ 1,2 milliard de dollars de paiements d'intérêts annuels sur sa dette.
La stratégie de Musk pour X consiste à délaisser la publicité au profit d'abonnements payants. Cependant, cela ne marche pas pour l'instant, X est encore fortement dépendant de la publicité et Musk et Yaccarino peinent à convaincre les annonceurs de revenir sur X, après que ces derniers ont délaissé massivement le site en raison des décisions controversées de Musk qui ont semé le chaos sur la plateforme. Pour l'instant, Musk n'a réussi à persuader que moins d'un pour cent des utilisateurs de X à souscrire un abonnement mensuel, dont les revenus annuels sont estimés à moins de 120 millions de dollars. Il veut désormais rendre l'accès à X payant.
Récemment, X a commencé à facturer aux nouveaux utilisateurs un dollar par an pour l'envoi de messages. « Depuis le 17 octobre 2023, nous avons commencé à tester "Not A Bot", une nouvelle méthode d'abonnement pour les nouveaux utilisateurs dans deux pays. Ce nouveau test a été mis au point pour renforcer nos efforts déjà considérables visant à réduire le spam, la manipulation de notre plateforme et l'activité des bots. Cela permettra d'évaluer une mesure potentiellement puissante pour nous aider à lutter contre les bots et les spammeurs sur X, tout en équilibrant l'accessibilité de la plateforme avec le faible montant des frais », explique X.
Notons que Musk envisage depuis le début de faire de X une "application à tout faire" qui peut générer des revenus à partir de diverses fonctionnalités, notamment les achats, les paiements, les appels audio et vidéo, un service de recrutement et un fil d'actualité. X vise à concurrencer des acteurs établis comme YouTube de Google, LinkedIn de Microsoft Corp. et PR Newswire de Cision. La semaine dernière, Musk a déclaré à ses employés qu'ils avaient un an pour proposer des services bancaires à l'instar de PayPal aux utilisateurs de X. Cependant, les analystes et les critiques jugent ce délai totalement illusoire en raison de la complexité d'une telle fonctionnalité.
Par ailleurs, l'un des derniers changements opérés par X a fortement exaspéré les utilisateurs. X a commencé par supprimer les titres des aperçus des articles partagés sur la plateforme. Les articles partagés sur X apparaissent désormais sous la forme d'une image, avec un texte dans le coin gauche indiquant le domaine du lien. Les utilisateurs doivent cliquer sur l'image s'ils souhaitent consulter l'article dans son intégralité, ce qui peut prêter à confusion. Ce changement a suscité de vives critiques de la part des utilisateurs. Ils ont fait valoir qu'il était difficile de faire la distinction entre les actualités et les autres types d'informations partagées sur le site.
Et vous ?
Que pensez-vous de la baisse considérable de la valorisation du réseau social X d'Elon Musk ?
Les décisions de Musk sont-elles à l'origine de cette baisse ou s'agissait-il d'une mauvaise affaire dès le départ ?
Musk est-il en mesure de redresser la plateforme et de le rendre plus attractif ? Si oui, que pourrait-il faire selon vous ?
La superapplication que Musk vise avec X est-il un projet viable ? Pourquoi ? Quels sont les obstacles à ce projet ?
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Le , par Mathis Lucas
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