Le Freedom Phone est l’une des dernières tentatives de mettre sur pied une plateforme technologique alternative à celles proposées par les GAFA. Donald Trump s’y est essayé avec son propre réseau social qui a tourné pendant 29 jours avant de fermer. Le Freedom Phone prend le relais. Propositions de valeur : boutique d’application non censurée, système d’exploitation orienté « liberté d’expression » développé par les soins de l’entreprise, matériel comparable aux meilleurs smartphones sur le marché.
Seulement, l'appareil présente une quantité importante de signaux d'alarme. Primo, son nom qui est susceptible de faire l'objet de plainte pour violation de marque.
Le site Web ne donne pour ainsi dire aucune information sur l'appareil lui-même. Il y a le nom, une photo et un prix, mais aucune fiche technique. C'est un smartphone à 500 $, mais le site officiel ne renseigne pas le potentiel acheteur sur sa future acquisition. La première page du site a l'air normale, mais chaque bouton qui devrait porter une mention comme "En savoir plus" ou un lien vers plus d'informations affiche plutôt "Achetez-le maintenant". La page d'accueil seule compte en tout une dizaine de liens dans le genre et presque aucune information importante sur le téléphone. De nombreux fabricants publient des pages d'accroche incomplètes pour les téléphones à venir, mais ils ne collectent pas le prix de détail total auprès des clients sans fournir d'abord des informations détaillées sur les spécifications.
L'appareil lancé au motif de sauvegarder des intérêts patriotiques est fabriqué par Umidigi – une entreprise technologique chinoise. En fait, ce serait un Umidigi A9 Pro rebaptisé qu'il est possible de se procurer à environ 120 $. En l'absence d'une liste de spécifications fournies à peu près par tous les autres fabricants de smartphones sur Terre, l'impression qui filtre est que le matériel ne correspond pas à l'étiquette de prix.
Appeler des fabricants chinois et leur demander de produire un téléphone est une chose, gérer son propre magasin d'applications en est une autre bien plus difficile. Il faut : un système de gestion de comptes, des serveurs et un moyen pour les développeurs de mettre des applications à la disposition des utilisateurs. Ensuite, il faut être capable de maintenir l'écosystème à flot pendant des années. C'est l'une des promesses des porteurs de ce projet : « Nous avons créé notre propre boutique d'applications qui n'est absolument pas censurée. Si une application que vous aimez a été interdite dans les magasins d'applications traditionnels, vous pouvez toujours la télécharger sur le nôtre, car nous n'interdisons aucune application. »
PatriApp est le nom de la boutique d’applications dudit smartphone. Des observateurs soulignent qu’il s’agit en fait d’Aurora – un client open source pour le Google Play Store. Ce n’est pas une boutique d’application alternative comme F-Droid.
La prétendue boutique d'applications PatriApp donne l’accès à toutes les applications Google Play courantes auxquelles on peut s'attendre : YouTube, Google Photos, Instagram, Facebook, Netflix, Spotify, Snapchat, etc. Un indicateur de ce que PatriApp n’est rien d’autre que le Google Play Store ?
Les spécifications matérielles qui ont fait l’objet de fuite ne sont pas pour arranger les choses. La presse spécialiste en sécurité rapporte que le smartphone s’appuie sur un processeur Helio P60 de MediaTek vulnérable à des attaques par contournement d’authentification.
En gros, le Freedom Phone demeure un smartphone Android qui soulève la question de savoir quelle est sa réelle plus-value par rapport à l’existant. Tout, de la limitation du suivi en ligne à l’ajout d’applications bannies sur une boutique d’applications, est faisable avec un smartphone Android tiers. Le Google Play Store par exemple offre aux utilisateurs la possibilité de télécharger des clients de courriel chiffrés et des VPN.
Source : Freedom Phone
Et vous ?
Le freedom Phone est-il plus une arnaque qu’autre chose ?
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