
HarmonyOS arrive finalement sur les smartphones Huawei
Environ deux ans sont passés depuis que les États-Unis ont ordonné à Google et à d'autres entreprises locales de cesser certaines collaborations avec Huawei. Résultat, le géant chinois de l'électronique grand public n'a plus accès à la version d'Android distribuée par Google lui-même et ne bénéficie plus de Google Mobile Services, une collection d'applications et d'API Google nécessaires au bon fonctionnement de l'OS, pour ses nouveaux smartphones. Cela a bouleversé les calendriers de livraison de Huawei, qui n'a pas eu d'autres choix que d'accélérer le développement de son propre OS mobile HarmonyOS.
Après plusieurs mois de développement, et alors que l'entreprise en difficulté cherche à se remettre des sanctions américaines qui ont entravé son activité dans le domaine des combinés, HarmonyOS arrive enfin sur les smartphones en Asie. Huawei commencera à déployer HarmonyOS sur certains modèles de ses smartphones à partir d'aujourd'hui, offrant aux utilisateurs la possibilité de passer du système d'exploitation actuel qui est basé sur la plateforme Android de Google. L'utilisation d'HarmonyOS signifie que l'entreprise chinoise ne sera plus entièrement dépendante d'Android et par conséquent de Google.
En effet, plutôt que d'être un remplacement à l'identique, Huawei définie HarmonyOS comme une plateforme "Internet-of-Things", destinée à fonctionner sur et à connecter d'autres appareils tels que des ordinateurs portables, des montres connectées, des voitures et des appareils électroménagers. Ben Wood, analyste en chef chez CCS Insight, a commenté qu'HarmonyOS est conçu pour servir de lien entre une gamme croissante d'appareils connectés que Huawei cible. En outre, selon des sources proches de l'entreprise et ayant une connaissance de ses plans avec HarmonyOS, Huawei espère pouvoir suivre l'exemple d'Apple.
Il songerait à avoir une plateforme logicielle unique qui s'étend dans toutes les directions, offrant ainsi une expérience transparente aux clients qui achètent dans son écosystème de produits. Wang Chenglu, président du département logiciel de Huawei Consumer Business Group, a déclaré que Huawei vise à ce que HarmonyOS soit déployé sur 200 millions de smartphones et 100 millions d'appareils intelligents tiers d'ici la fin de l'année. Wang s'est exprimé lors d'une table ronde avec les médias un jour plus tôt, mais ses commentaires étaient sous embargo jusqu'à mercredi.
Il a déclaré qu'il serait heureux que d'autres fabricants de smartphones adoptent HarmonyOS. Mais il a précisé que Huawei voit de grandes opportunités dans la collaboration avec les fabricants d'appareils autres que les smartphones.
Avec HarmonyOS, Huawei s'intéresse au marché de l'IdO
Le premier fabricant chinois d'équipements de télécommunications s'est retrouvé sur une liste noire commerciale américaine en mai 2019 en raison de problèmes de sécurité nationale. Huawei a nié à plusieurs reprises qu'il représentait un risque. L'interdiction a mis l'activité des combinés de Huawei sous une immense pression. Alors qu'il était autrefois le plus grand fabricant de smartphones au monde, Huawei est maintenant classé sixième sur le plan mondial avec une part de marché de 4 % au premier trimestre. Mais Wang a déclaré que la société envisageait d'aller au-delà des smartphones avec HarmonyOS.
Il a déclaré que le marché des smartphones avait atteint un plateau et que les smartphones restaient l'appareil dominant dans la vie des gens, en grande partie parce que la plupart des développeurs ont peu d'autres plateformes pour lesquelles développer. Au lieu de cela, il fallait un système pour combler le fossé entre les appareils. « Le problème avec les systèmes d'exploitation existants est que les appareils ne peuvent pas être connectés facilement », les utilisateurs devant souvent télécharger des applications distinctes pour que les choses se connectent », a expliqué Wang.
« Mais Harmony peut permettre aux appareils d'être connectés pour former un super appareil. Il fonctionnera comme un seul système de fichiers, littéralement un seul appareil », a-t-il ajouté. En ciblant d'autres fournisseurs de combinés, l'entreprise pose un défi direct à la domination du marché par Google. Cela dit, les analystes préviennent tout de suite qu'il ne serait pas facile pour Huawei d'atteindre son but, car il est bien souvent difficile de changer une chose à laquelle les gens sont habitués. Dans le cas présent, il s'agit des systèmes d'exploitation Android et iOS.
Avec un réseau établi de développeurs de logiciels et des milliards de consommateurs habitués à son interface, Android domine le marché des OS pour smartphones. L'on estime que plus de huit smartphones vendus sur dix fonctionnent sous Android. Des données de l'International Data Corporation (IDC) datant de 2019 indiquent qu'Android représentait 85,4 % des parts de marché des systèmes d'exploitation pour smartphones dans le monde entier. Il était suivi par l'iOS d'Apple qui détenait les 14,6 % restants.
D'autres challengers n'ont eu qu'un succès limité pour détrôner Google. Il y a quelques années, Samsung a lancé un système d'exploitation rival appelé "Tizen", mais il n'a pas réussi à s'imposer parmi les utilisateurs de smartphones de la société. Microsoft a également essayé de vendre des smartphones avec une version de son système d'exploitation Windows, sans grand succès. Les analystes ajoutent tout de même qu'il y existe un marché potentiel pour HarmonyOS. Il s'agit des vendeurs chinois de combinés, qui, selon la société d'études de marché Canalysre, représentent 57 % du marché mondial.
De nombreux défis restent à relever par la société chinoise
Selon les analystes, les défis de Huawei sont nombreux et complexes. Ils comprennent la création d'un écosystème de développeurs de logiciels suffisamment large, la constitution d'une base d'utilisateurs suffisamment grande pour séduire les développeurs et convaincre les fournisseurs extérieurs d'abandonner un produit éprouvé. Handel Jones, directeur général de la société de conseil International Business Strategies, a déclaré que Huawei aura plus de facilité à favoriser l'adoption de son nouveau système d'exploitation en Chine, où la dépendance aux applications Google est moindre.
« La probabilité d'une adoption massive de HarmonyOS au cours de la prochaine décennie est de 80 à 90 %. Le défi se situe en Europe, aux États-Unis, en Inde et dans d'autres pays où Google Apps domine et où les fournisseurs basés en Chine ne veulent pas sacrifier leurs ventes », a-t-il déclaré. Pour Nicole Peng, analyste au cabinet d'études de marché Canalys, il n'existe pas de cas réussi d'OS alternatif. « Il faut de très nombreuses années pour pouvoir construire cet...
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